Description
La polyarthrite rhumatoïde est une affection inflammatoire chronique des articulations et de certaines autres régions du corps. À mesure que la maladie progresse, l'inflammation se propage aux tendons, ligaments, cartilages ainsi qu'aux os des articulations. La polyarthrite rhumatoïde peut également toucher d'autres régions du corps, comme les poumons ou les vaisseaux sanguins.
Environ 1 % de la population canadienne est atteinte de polyarthrite rhumatoïde. Le risque de développer cette maladie est presque trois fois plus élevé chez la femme que chez l'homme. Bien que la maladie puisse se manifester à n'importe quel âge, elle touche surtout des personnes âgées entre 40 ans et 60 ans.
On a déjà pensé que les enfants peuvent souffrir de polyarthrite rhumatoïde (appelée polyarthrite rhumatoïde juvénile), mais on sait maintenant qu'il s'agit d'un groupe distinct d'affections appelées collectivement arthrite juvénile idiopathique.
La polyarthrite rhumatoïde est une affection grave, généralement évolutive, qui peut entraîner une incapacité grave et réduire non seulement la qualité de vie, mais aussi l'espérance de vie. Heureusement, les traitements et les stratégies de prise en charge mis au point depuis 40 ans ont grandement amélioré la vie, la longévité et la situation de nombreuses personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde.
À l'heure actuelle, il n'existe aucun moyen de guérir la polyarthrite rhumatoïde.
Causes
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie auto-immune. Le système immunitaire ne reconnaît plus ses propres tissus et réagit comme s'il était en présence d'un corps étranger. Cette erreur d'identification pousse le système immunitaire à s'attaquer aux tissus et articulations, causant des lésions à long terme.
À l'heure actuelle, on ne peut prédire si une personne sera atteinte ou non de polyarthrite rhumatoïde. On soupçonne que la polyarthrite rhumatoïde est provoquée par plusieurs facteurs dont certains seraient génétiques et d'autres environnementaux. Si une personne a un proche parent atteint de polyarthrite rhumatoïde, son risque de contracter cette affection augmente 2 à 3 fois. Il est également possible que l’exposition à certaines infections virales ou à la fumée de cigarette déclenche ou aggrave l’inflammation.
Symptômes et Complications
Habituellement,, la polyarthrite rhumatoïde se manifeste progressivement, mais elle peut occasionnellement apparaître sans avertissement, d'une manière soudaine et douloureuse. Les premiers signes de la maladie ressemblent souvent aux symptômes de la grippe, notamment des douleurs à l'ensemble des muscles et articulations. Souvent la douleur et les raideurs sont plus intenses le matin au lever ou après une période d'inactivité. Ces raideurs peuvent durer moins d'une heure, mais, avec le temps, le malaise peut persister pendant plusieurs heures.
Généralement, la polyarthrite rhumatoïde affecte d'abord les mains, les poignets et les pieds, puis elle se propage aux coudes, aux épaules, aux hanches, aux genoux, et aux chevilles ainsi qu'au cou et à la mâchoire. En raison de l'inflammation chronique, les articulations se déforment au fur et à mesure que leur tissu interne est détruit. Chez près de 30 % des personnes atteintes, la maladie s'accompagne de nodules ou bosses sous-cutanées dans les régions osseuses comme les coudes et les genoux. Les glandes lacrymales et salivaires peuvent également être affectées, ce qui provoque une sécheresse des yeux et de la bouche, une affection appelée syndrome de Sjögren. Comme la polyarthrite rhumatoïde est une maladie de l'organisme entier, elle peut aussi toucher le cœur, les poumons et les yeux.
Ce qui distingue la polyarthrite rhumatoïde des autres types d'arthrite est la symétrie habituelle de sa répartition; en effet, la plupart des autres formes d'arthrite ne présentent pas cette caractéristique. La symétrie signifie que si une articulation particulière d'un côté du corps est touchée, l'articulation correspondante de l'autre côté du corps le sera également en relativement peu de temps (soit quelques jours, quelques semaines ou 1 ou 2 mois). De plus, il arrive souvent que la polyarthrite rhumatoïde accélère et aggrave l'athérosclérose (durcissement des artères); le médecin pourrait donc exercer un suivi des facteurs de risque comme l'hypertension artérielle, un taux de cholestérol élevé et le diabète. En outre, le médecin pourrait vous recommander de ne pas fumer. Il est très important de traiter l'athérosclérose.
Chez le tiers des personnes atteintes, la maladie est moins grave et les symptômes ne se manifestent que de manière très occasionnelle. Pour 10 % des personnes atteintes, après la première crise douloureuse, une longue période de temps peut s'écouler sans qu'aucun autre signe de la maladie ne se manifeste. Pour beaucoup, en revanche, les symptômes ne font que s'aggraver avec le temps.
Diagnostic
Si vous avez des symptômes semblables à ceux décrits ci-dessus, vous devriez songer à consulter le médecin aussitôt que possible. Diagnostiquée à un stade précoce, la maladie peut être traitée plus rapidement et les articulations peuvent être mieux protégées contre les lésions. Le médecin vous examinera et vous questionnera sur vos antécédents médicaux, y compris vos symptômes comme les raideurs matinales qui pourraient suggérer un diagnostic de polyarthrite rhumatoïde.
Il n’existe malheureusement aucun test pouvant définitivement confirmer le diagnostic de polyarthrite rhumatoïde. Mais, comme pour plusieurs autres maladies, un médecin peut établir un diagnostic sûr en se basant sur une étude approfondie de l’histoire médicale, de l’examen physique et sur des analyses qui démontrent l’évolution de la maladie avec le temps. Les tests de laboratoires peuvent être utiles pour confirmer la présence de polyarthrite rhumatoïde et pour différencier celle-ci d’autres maladies. Parmi les tests que votre médecin pourrait vous prescrire, on retrouve l’analyse des taux de facteur rhumatoïde, les anticorps anti-CCP, la vitesse de sédimentation des érythrocytes (VS) et la protéine C-réactive. À l'aide d'une radiographie, l'on peut constater la gravité des lésions déjà présentes dans les articulations des mains ou des poignets.
Traitement et Prévention
Il est impossible de prévenir ou de guérir la polyarthrite rhumatoïde. Il est toutefois possible de traiter les symptômes et certains médicaments peuvent ralentir l'évolution de la maladie.
Un facteur clé, mis en évidence au fil du temps par des études bien conçues, est de commencer le traitement très tôt dans la maladie, avant l'apparition des lésions articulaires. Si elle est efficace, cette stratégie peut préserver la santé des articulations, ce qui était rarement le cas dans le passé.
Le diagnostic, le traitement et la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde nécessitent des soins spécialisés prodigués par des médecins expérimentés qui connaissent très bien le traitement de cette affection. Les rhumatologues sont spécialisés dans le traitement des cas d'arthrite grave comme la polyarthrite rhumatoïde. Avant de commencer à prendre tout médicament, il est important de discuter des risques et des bienfaits du produit avec votre médecin.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) tels que Celebrex*, le diclofénac, l'ibuprofène, l'indométhacine, le méloxicam et le naproxène, sont efficaces pour réduire la douleur et l'inflammation des articulations. L'incidence des effets secondaires liés à l'utilisation des AINS, notamment les dérangements ou les ulcères d'estomac peut être rendue moins fréquente par la prise d'autres médicaments prescrits par votre médecin. Certains AINS sont plus faciles à tolérer pour l'estomac. Si vous constatez que votre organisme ne peut tolérer un type d'AINS, consultez votre médecin.
Les corticostéroïdes (par ex. la prednisone, la triamcinolone) constituent également un traitement efficace pour réduire l'inflammation et soulager la douleur et les raideurs. Ces produits sont employés avec modération, car ils ne ralentissent pas les dommages causés par la polyarthrite rhumatoïde. Ils peuvent être pris pendant la période où les ARMM ne font pas encore effet ou lors des poussées de la maladie. Les corticostéroïdes peuvent être pris oralement ou injectés directement dans les articulations.Ces produits ont des effets secondaires à long terme, y compris l'amincissement de la peau et des os (ce qui augmente le risque d'ostéoporose), l'élévation de la pression artérielle et du taux de sucre sanguin, la rétention de liquide, le gain de poids et une diminution de la réponse immunitaire pour combattre l'infection.
Des agents antirhumatismaux modificateurs de la maladie (ARMM) peuvent ralentir la polyarthrite rhumatoïde et prévenir les lésions articulaires. Bien que les médicaments comme l'hydroxychloroquine, le méthotrexate, la sulfasalazine ou le léflunomide prend un certain temps avant d'agir (de quelques semaines à plusieurs mois), il est très efficace pour combattre le facteur auto-immunitaire associé à la polyarthrite rhumatoïde. Les ARMM agissent en inhibant les cellules du système immunitaire qui s'attaquent aux articulations. La prise de ces médicaments peut être combinée à celle des AINS pour procurer un meilleur soulagement de la douleur et de l'inflammation.
On utilise aussi des médicaments « modificateurs de la réponse biologique » aussi appelés « médicaments biologiques » dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde. Ces médicaments sont fabriqués en utilisant de la biologie moléculaire et ils ciblent généralement le système immunitaire responsable de l’inflammation. L'abatacept, l'adalimumab, l'anakinra, l'étanercept, l'infliximab, le rituximab et le tofacitinib sont des exemples de ces médicaments disponibles au Canada. Ces médicaments procurent un soulagement des symptômes et ralentissent la destruction des articulations. Ils sont fréquemment prescrits conjointement avec des ARMM, comme le méthotrexate.
Tous ces médicaments possèdent des effets secondaires possiblement sérieux. On doit les utiliser très prudemment, suivre leurs effets et parfois employer certaines stratégies d’utilisation spéciales.
La physiothérapie, l’exercice et les interventions orthopédiques sont souvent des éléments importants de la prise en charge de la maladie.
Malgré de bons soins médicaux et divers changements apportés au style de vie, la polyarthrite rhumatoïde peut quand même évoluer et causer des lésions aux articulations. Lorsque la maladie parvient à un stade avancé ou que la douleur est intense, la chirurgie peut être nécessaire pour rétablir le mouvement. L'intervention chirurgicale peut soulager la douleur, favoriser le mouvement ainsi que la fonction des articulations et, dans certains cas, améliorer l'apparence physique.
Pour vous aider à composer avec la polyarthrite rhumatoïde, voici quelques ajustements que vous pouvez apporter à votre quotidien :
- appliquez des compresses froides pour engourdir une articulation endolorie et réduire l'inflammation;
- dans l'accomplissement de vos diverses activités, protégez vos articulations en notant les positions les plus confortables pour vos articulations. Assurez-vous de bien prendre votre temps et servez-vous de vos cannes. Pour faciliter vos diverses tâches quotidiennes, utilisez les barres fixées dans la baignoire, les sièges conçus pour la douche, et les autres aides fonctionnelles;
- ne fumez pas;
- obtenez des traitements de physiothérapie, un professionnel de la santé pourra vous aider à gérer la douleur et vous enseigner comment renforcer vos muscles et rétablir le mouvement dans vos articulations. Des exercices physiques sans heurt, comme la marche ou la natation, peuvent aussi contribuer à prévenir les poussées de la maladie;
- si vous êtes au-dessus de votre poids idéal, songez à suivre un programme de perte de poids. Le surplus de poids impose un effort additionnel aux articulations, surtout au niveau des hanches et genoux;
- utilisez des compresses chaudes afin de détendre les muscles et accroître le flux sanguin pour soulager la douleur et les raideurs.
En apprenant à gérer la polyarthrite rhumatoïde, vous sentirez que vous avez un certain contrôle sur la maladie. En suivant les conseils du médecin et en modifiant votre style de vie, vous pourrez continuer à mener une vie active et productive, et ce, à tous les niveaux.
*Tous les médicaments ont à la fois une dénomination commune (un nom générique) et un nom de marque ou marque. La marque est l'appellation qu'un fabricant choisit pour son produit (par ex. Tylenol®). Le nom générique est le nom du médicament en médecine (par ex. l'acétaminophène). Un médicament peut porter plusieurs noms de marque, mais il ne possède qu'un seul nom générique. Cet article répertorie les médicaments par leur nom générique. Pour obtenir des renseignements sur un médicament donné, consultez notre base de données sur les médicaments. Pour de plus amples renseignements sur les noms de marque, consultez votre médecin ou un pharmacien.
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