Hausse des cas de MTS depuis 10 ans

ÉCRIT PAR: , 2007-01-18 10:50:00


La sexualité débridée des jeunes, qui comprend des concours de fellation et des séances d'éjaculation en groupe, expliquerait en partie la hausse significative des cas de chlamydia et de gonorrhée actuellement dans la région de Québec.

En 10 ans, le nombre de personnes qui ont contracté la chlamydiose génitale a doublé. En 2006, on comptait 1270 personnes qui en souffraient comparativement à 649 en 1997.

Fait inquiétant, 1060 des 1270 personnes infectées avaient moins de 30 ans, 276 d'entre elles ayant de 15 à 19 ans. Notons que 70 % des malades sont des femmes.

Comment expliquer ce phénomène? Selon divers sexologues, la sexualité débridée des adolescents, accompagnée d'une part d'insouciance, expliquerait en partie cette augmentation des infections transmises sexuellement.

Marie-Paul Ross, docteure en sexologie à l'Institut international de développement humain, pense que la pornographie incite les jeunes à s'adonner à des «pratiques sexuelles déviantes».

«Le simple fait de consommer de la pornographie constitue nettement une proposition», analyse-t-elle.

Selon la sexologue, la pornographie incite les jeunes à essayer certaines pratiques sexuelles qu'ils n'adopteraient pas autrement, ce qui entraîne parfois de graves conséquences.

De son côté, la sexologue Kathy Francis indique que les jeunes filles ont tendance à laisser tomber bien des contraintes dans leur rapport avec les hommes pour se faire aimer et avoir une sécurité affective.

«Elles sont prêtes à faire beaucoup de choses pour être acceptées», dit-elle, ajoutant qu'il existe une concurrence entre les adolescents sur le plan sexuel et que ceux-ci sont très axés sur la performance.

«Leur vision des relations de couple diffère beaucoup de celle des générations précédentes», constate-t-elle, précisant que de «se caser» ne figure pas nécessairement dans leurs priorités.

L'ouverture d'esprit et le désir d'expérimenter sont aussi cités comme des causes de cette sexualité débridée. «Les jeunes d'aujourd'hui sont plus libres sexuellement parlant qu'avant et ils ont plus de partenaires.

Ils sont donc plus à risque«, commente Yves Dalpé, sexologue.

La sexologue Francyne Tessier, du Centre de sexologie de Québec, invoque quant à elle le manque d'information et... un optimisme exagéré. «Les jeunes ont le syndrome de la pensée magique, soutient-elle.

Ils se disent qu'attraper des infections transmises sexuellement n'arrive qu'aux autres, et pas à eux. Et ils ne se protègent pas.«

Au total, 41 personnes ont contracté la chlamydia depuis le début de l'année, dont 30 jeunes ayant de 15 à 24 ans.

Des chiffres

Chlamydia

  • 2006: 1270
  • 2002: 1002
  • 1999: 815
  • 1997: 649

    Syphilis

  • 2006: 11
  • 2003: 3
  • 1997: 1

    Gonorrhée

  • 2006: 58
  • 2002: 38
  • 1997: 26

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    Malgré le retour en force de certaines maladies vénériennes, les centres de dépistage ne connaissent pas une hausse en termes de visites. Les tests de dépistage ne gagnent pas en popularité, mais ils ne régressent pas non plus.

    «Le nombre de visites se maintient depuis trois ans. Il se situe à environ 3000», mentionne Sandra Tourigny, chef de programmes en santé au CSSS de la Vieille Capitale.

    Mme Tourigny constate effectivement une recrudescence de la chlamydia chez les jeunes. Or, peu d'entre eux se pointent dans un des centres.

    La majorité des clients ont entre 40 et 55 ans.

    «Il s'agit de baby-boomers qui ont vécu en couple pendant des années et qui se séparent, illustre-t-elle. Ils ont rencontré un autre partenaire, n'ont pas utilisé de préservatif et ont contracté une maladie.»

    Elle explique cette situation par le fait que ceux-ci proviennent d'une génération où le port d'un préservatif n'était pas la norme et qu'ils n'ont pas reçu de cours sur la sexualité à l'école. Les jeunes de demain ne recevront pas non plus un tel enseignement à l'école...

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