Bien manger pour prévenir les récidives

ÉCRIT PAR: Richard Béliveau, 2007-06-18 11:56:00


Les personnes traitées pour un cancer demeurent à haut risque d'être à nouveau touchées par la maladie au cours des années qui suivent.

Des résultats spectaculaires présentés au congrès annuel de l'American Society of Clinical Oncology qui se tenait récemment à Chicago indiquent que le mode d'alimentation pourrait jouer un rôle déterminant dans le risque de récidive de certains cancers, en particulier le cancer du côlon.

Le retour de l'ennemi

Avec l'amélioration constante des traitements de chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie, un nombre toujours croissant de personnes arrivent à combattre efficacement le cancer et à remporter la première bataille contre la maladie. Cette victoire ne signifie cependant pas que le cancer est définitivement écarté. En effet, les survivants du cancer demeurent à haut risque de récidive.

Par exemple, pour les cancers du poumon ou du côlon, à peine une personne sur quatre sera épargnée par le retour de la maladie et parviendra à survivre au moins 5 ans après le diagnostic du cancer. Donc, s'il faut tout faire pour prévenir le développement du cancer (prévention primaire), l'identification de facteurs qui peuvent prévenir sa réapparition (prévention secondaire) est également extrêmement importante pour améliorer les chances de survie des patients.

L'influence de l'alimentation

Le cancer du côlon demeure encore aujourd'hui extrêmement difficile à traiter et représente la deuxième cause de mortalité par cancer en Amérique du Nord. Puisque la fréquence de ce cancer est due en grande partie au mode d'alimentation occidental, les chercheurs ont examiné si ce facteur pouvait également influer sur la survie des patients atteints par la maladie et qui ont subi une opération suivie d'une chimiothérapie.

À l'aide d'un questionnaire visant à étudier les habitudes alimentaires des patients au cours des six mois suivant la chimiothérapie, les chercheurs de l'institut Dana-Farber de Boston1 ont défini deux grandes classes de régimes alimentaires: un type «occidental», caractérisé par une forte consommation de viandes rouges, de gras, de farines raffinées et de desserts, et un autre, qu'ils ont qualifié de «prudent» parce qu'il contient une plus grande quantité de fruits et de légumes ainsi que des volailles et du poisson pour remplacer les viandes rouges.

En examinant les données recueillies auprès des 1 009 patients de l'étude, les chercheurs ont observé que les personnes qui consommaient le plus d'aliments typiques du régime occidental, comme les viandes et les desserts, couraient un risque beaucoup plus élevé de récidive du cancer.

L'augmentation est d'une ampleur tout à fait spectaculaire: les adeptes du régime occidental avaient presque 4 fois plus de risque de voir le cancer refaire surface et entraîner leur décès que celles qui adoptaient une alimentation prudente, plus riche en fruits et légumes et pauvre en viandes rouges.

Ces différences de risques sont d'autant plus intéressantes qu'elles se produisent sur une courte période de temps (moins d'une année), suggérant que la nature des aliments peut grandement influer sur la croissance des tumeurs microscopiques qui ont réussi à échapper à la chirurgie et à la chimiothérapie.

Modifier les habitudes

Pour les personnes touchées par le cancer, la priorité est évidemment de suivre à la lettre les recommandations de leur oncologue sur les traitements les plus aptes à combattre la maladie. À la suite de ces traitements, il n'y a aucun doute que la composition du régime alimentaire joue un rôle déterminant sur les chances de survivre au cancer.

Loin de se restreindre à adopter une alimentation «prudente», il est possible d'êtrebeaucoupplusactif face à la maladie et de maximiser les chances de guérison en modifiant en profondeur les habitudes de vie.

Au moins 5 grands changements peuvent contribuer à améliorer l'espérance de vie des survivants du cancer:

  • Manger de 5 à 10 portions de fruits et de légumes, en particulier ceux qui contiennent des quantités importantes de molécules anticancéreuses (famille des choux et de l'ail, petits fruits, thé vert, curcuma, vin rouge, algues, champignons, probiotiques, etc.). Ces aliments peuvent jouer un rôle crucial dans la prévention secondaire en empêchant la croissance des tumeurs résiduelles qui ont survécu aux traitements.

  • Diminuer la consommation de viandes rouges au profit des volailles et du poisson, de façon à réduire l'apport en gras saturés.

  • Augmenter l'apport en gras oméga-3 en consommant régulièrement des poissons gras et des graines de lin fraîchement moulues de façon à créer un environnement anti-inflammatoire qui restreint la progression du cancer.

  • Maintenir un poids santé. Les études indiquent que dans le cas de certains cancers, notamment ceux du sein et de la prostate, les personnes souffrant d'embonpoint ou d'obésité ont un taux de guérison plus faible que les personnes minces.

  • Faire de l'exercice. L'activité physique régulière a des effets bénéfiques sur la santé en général, sans compter son influence positive sur la fatigue, l'anxiété et la dépression, des états qui touchent souvent les survivants du cancer. De plus, des études récentes ont montré que l'exercice réduit significativement la mortalité de femmes auxquelles on a diagnostiqué un cancer du sein.

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