Algues bleues: pas juste dans les lacs

ÉCRIT PAR: Rim Boukhssimi, 2007-07-27 05:44:00


En pleine crise de pollution des lacs, une compagnie de cosmétiques française commercialise au Québec une gamme de soins à base d'extrait pur... d'algue bleue.

Santé Canada est formelle : les algues bleues et leurs cyanobactéries sont toxiques.

Si en Europe parler d'algue bleue pour vanter une crème augmente les ventes, au Québec elle crée plutôt l'inquiétude.

«C'est vrai que nous avons eu des appels concernant notre produit, mais nous rassurons nos clients : il n'y a pas de danger», explique Catherine Carette, chef des produits Galénic au Québec.

En vente depuis 2001, la gamme Ophycée de Galénic est à base d'une algue bleue appelé Phormidium uncinatum.

Elle serait connue, selon eux, pour ses «propriétés anti-âge exceptionnelles».

Ils indiquent également qu'ils en ont extrait «un principe actif remarquable, riche en cytostimulines : l'extrait pur d'algues bleues d'eau douce» qu'ils ont enrichi «d'un deuxième actif d'origine naturelle issu du monde aquatique : la fibrilline».

Agent de beauté «farfelu»

David Bird, professeur à l'UQAM et chercheur pour le groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL), explique que, selon lui, il n'y a pas de problèmes pour l'utilisation du Phormidium Uncinatum dans les produits pour la peau.

Par contre, il confie : «Entre nous, je considère les vertus de cette bactérie comme agent de beauté complètement farfelu, mais je n'ai rien contre quelqu'un qui essaie d'en vendre.»

Joint en France, Roger Tarroux, chimiste et responsable du laboratoire où a été extraite l'algue, se veut rassurant :

«Nous avons fait passer tous les tests de tolérance et de toxicité et il n'y a pas de danger. Il est vrai que les algues bleues délivrent beaucoup de toxines, mais nous jetons tous les jus de nos cultures et nous avons de très bonnes méthodes de lavage.»

En laboratoire

M. Tarroux précise également que les cyanobactéries utilisées sont cultivées en laboratoire, dans un milieu fermé et sous un éclairage particulier.

Cependant, le chimiste a été incapable de donner des précisions sur les termes scientifiques utilisés dans la publicité des produits Ophycée.

«Il faut faire attention. Il ne faudrait pas que certains pensent que l'on peut exploiter pour des soins de beauté les algues de nos lacs!» s'exclame Marie-Andrée Fallu, agente de liaison scientifique pour le GRIL.

Santé Canada n'a émis aucune interdiction concernant ces produits, par contre la santé publique maintient ses avis de mise en garde sur nos lacs.

Seule la spiruline, une variété d'algue bleue, est utilisée pour les soins naturels. Par ailleurs, elle est la seule que Santé Canada ne considère pas comme un danger pour la santé.

RECOMMANDÉ POUR VOUS
AILLEURS SUR LE WEB
BackToTop