L’invasion des probiotiques

La popularité des probiotiques, dont les effets bénéfiques pour la santé sont bien documentés, amène l’industrie alimentaire à proposer des centaines de produits au travers desquels le consommateur a parfois de la difficulté à se retrouver.

Il y aurait en Amérique du Nord plus de 600 produits à base de probiotiques. «Et on devrait en voir un autre 600 arriver sous peu» prédit Claude Chevalier, fondateur de Bio-K +, une entreprise de Laval qui offre des laits et produits de soya fermentés contenant de fortes doses de probiotiques.

À l’épicerie, c’est au rayon des produits laitiers que les probiotiques ont fait leur entrée, sous forme de yogourts à valeur ajoutée. Maintenant, on trouve aussi des fromages, du lait et même des jus de fruits.

Les doses de probiotiques varient, de 1 million de bactéries dans les yogourts Activia jusqu’à 450 millions dans le cas du VSL3.

Le stress, le tabac et l’alcool sont autant de facteurs qui peuvent nuire à l’équilibre de la flore intestinale et entraîner divers problèmes de santé.

Lendemains de veille

Claude Chevalier admet que certains consomment des probiotiques pour réparer les pots cassés, un lendemain de veille par exemple.

«On me raconte que des personnes qui ont pris un coup et dont le système intestinal va... un peu trop vite disons, prennent un ou deux flacons et se remettent rapidement» dit-il en riant. Mais ce n’est pas là l’usage dont l’homme d’affaires est le plus fier.

Des hôpitaux, celui de Pierre-Le-Gardeur en tête, ont mis à l’essai l’utilisation de Bio-K + chez des patients chez qui on sait que l’ingestion d’antibiotiques cause souvent des problèmes de diarrhée et, dans les cas plus graves, des infections au Clostridium difficile. Les effets positifs ont été remarquables.

Pas de législation

Pour les consommateurs, le problème est que les quantités de bactéries contenues dans les yogourts, laits et autres produits du genre sont calculées par les fabricants eux-mêmes. Santé Canada n’a pas encore légiféré pour ce qui est de leur concentration.

Denis Roy, chercheur à l'Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels de l’Université Laval, est d'avis que pour une personne en santé, une dose d'un milliard de probiotiques par jour est suffisante.

«Je conseille aux gens de prendre les probiotiques comme ils prendraient des fruits et légumes.

«Quand on dit qu’on devrait manger de 5 à 10 portions de légumes par jour, ce n’est pas tout d'un coup le matin.»

M. Roy prône donc la prise de petites doses réparties à chaque repas.

Des effets bénéfiques

• Équilibre de la flore intestinale
• Régularité intestinale
• Prévention du syndrome du côlon irritable
• Prévention de la diarrhée du voyageur
• Renforcement du système immunitaire
• Prévention des allergies
• Prévention de maladies psychologiques et psychiatriques (à l'étude)

Des preuves qui restent à faire

Si l’on admet généralement les bienfaits des probiotiques, on constate par ailleurs un manque d’études sérieuses à leur sujet. «Des compagnies fournissant des probiotiques veulent que j’en prescrive, mais elles ne voient pas dans quel intérêt elles feraient des études», a récemment déclaré le Dr Marc Steben, médecin-conseil à la Direction des risques biologiques, environnementaux et occupationnels de l’Institut national de la santé publique du Québec à L’Actualité médicale, un hebdomadaire spécialisé. «En attendant des preuves scientifiques, je ne peux pas recommander les probiotiques», indique-t-il.

La consommation de probiotiques peut aussi entraîner son lot d’inconvénients. Ils peuvent notamment irriter les intestins, causer des ballonnements et des gaz.