Les couleurs de Noël?

ÉCRIT PAR: Par Ronald Denis, Docteur en médecine, chirurgien et traumatologue, 2008-12-15 10:28:00

Le daltonisme est une anomalie et non une maladie.
© Le Journal
Rouge et vert direz-vous... Toutefois, pour 8 % des hommes et moins d’un demi pour cent des femmes, cette réponse risque de ne pas être la même. Certains sont incapables de distinguer le rouge et/ou le vert tandis que d’autres ne distinguent que des nuances de noir, blanc et gris… Ils ont tous en commun la même affection: le daltonisme.

Vous projetez d’enduire vos lèvres du rouge le plus excitant pour séduire un collègue lors du prochain party de bureau? S’il est daltonien, il peut ne même pas le remarquer! Vous êtes blonde aux yeux bleus? Le daltonien risque également de ne vraiment pas faire la différence que vous croyez entre vous et une rousse aux yeux verts… Il verra ses propres nuances personnalisées.

Du nom du chimiste anglais John Dalton qui, le premier, en a décrit les caractéristiques, le daltonisme est un trouble héréditaire de la vision qui touche surtout l’homme et qui lui est transmis par une femme: sa mère. Le gène du daltonisme est porté par le chromosome sexuel X. L’homme ne reçoit qu’un seul de ces chromosomes X, hérité de sa mère, et reçoit également un chromosome Y, hérité de son père. La femme, quant à elle, reçoit deux chromosomes X, l’un de sa mère et l’autre de son père.

Probabilité rare

Le gène du daltonisme est dit «récessif», ce qui signifie qu’il suffit qu’un gène soit normal dans l’un des deux chromosomes X que reçoit la femme pour que l’anomalie ne se concrétise pas. La femme ne pourra être daltonienne que si ces deux chromosomes X, hérités de ses deux parents, portent le gène défectueux. Une probabilité assez rare. Par contre pour l’homme, possédant un seul chromosome X hérité de sa mère, il faut simplement que celle-ci lui ait transmis le gène anormal pour qu’il soit daltonien. L’homme ne pourra jamais transmettre son daltonisme à son fils, puisqu’il ne lui donne qu’un chromosome Y, tandis que la mère pourra lui transmettre l’anomalie sans être, elle-même, daltonienne. Facile! Non?

Le daltonisme n’est pas une maladie. C’est une anomalie qui modifie, pour la personne qui en est affectée, la perception des couleurs. Celui qui en hérite la conservera toute sa vie sans qu’elle ne s’aggrave ni ne s’améliore. Le daltonien apprend à vivre en compensant, à l’aide d’autres références, la non-perception d’une ou plusieurs couleurs.

On associe souvent le daltonisme à la confusion entre le rouge et le vert. Toutefois, c’est une anomalie qui peut être plus complexe et bien difficile à décrire puisqu’il y a presque autant de daltonismes que de daltoniens…

Trois types de «cônes», des cellules spécialisées de la rétine de l’oeil, perçoivent respectivement trois couleurs: le bleu, le vert et le rouge dont la combinaison permet de former toute la palette des teintes que nous connaissons. La combinaison et les intensités respectives de ces trois couleurs, captées par les cônes, permettent à notre cerveau d’élaborer l’impression colorée.

Cônes

Si l’un des types de cônes affectés à une couleur distincte ne fonctionne pas, le cerveau ne reçoit pas d’information sur la couleur correspondante. Les personnes ayant une vision normale sont «trichromates normales», c’est-à-dire qu’elles possèdent les trois types de cônes et voient l’ensemble des couleurs. Tandis que les daltoniens sont dichromates: ils ne possèdent que deux types de cônes, en général ceux des types bleu et vert. De ce fait, ils ne perçoivent que trois teintes: le bleu, le jaune et une teinte intermédiaire blanche ou grise. L’absence de cônes bleus ou verts est quant à elle beaucoup plus rare. Très rarement, deux ou trois types de cônes peuvent être absents, celui qui souffre de cette anomalie ne verra alors qu’en noir et blanc et en nuances de gris. Par ailleurs, les cônes peuvent être tous présents sans cependant transmettre parfaitement au cerveau le signal correspondant à leur couleur. La vision colorée en sera donc partiellement altérée. Cette anomalie est qualifiée de «trichromatisme anormal».

Le dépistage du daltonisme est relativement aisé et est réalisé dès la première visite chez l’oculiste. L’anomalie est identifiée, à la lumière du jour, à l’aide de cartes représentant des chiffres ou des dessins formés de points colorés sur un fond d’une autre couleur. Le daltonien ne pourra distinguer ni les chiffres ni le dessin. Un examen ophtalmologique plus approfondi pourra identifier précisément le type de daltonisme. Autre méthode aisée d’identifier un daltonien: les chaussettes qu’ils portent sont parfois de couleurs différentes!

Vous avez mis en charge votre conjoint de remplacer les piles de l’appareil photo pour croquer sur le vif l’arrivée du père Noël et il est daltonien? Méfiez-vous! S’il ne distingue pas le rouge et le vert, il risque de ne pas prendre les piles dans le bon chargeur!

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