L'influence du poids sur le risque de mortalité

ÉCRIT PAR: Richard Béliveau - Docteur en biochimie - Collaboration spéciale, 2009-06-15 11:26:00

Le maintien d'un poids corporel normal représente un des principaux facteurs qui influencent l'espérance de vie.
© Archives

Une étude récente vient de confirmer la relation étroite qui existe entre l'indice de masse corporelle et le risque de mort prématurée. Ces observations indiquent encore une fois qu'après l'arrêt du tabagisme le maintien d'un poids corporel normal représente un des principaux facteurs qui influencent l'espérance de vie.

Chez les adultes de 20 ans et plus, le poids corporel augmente de façon proportionnelle au carré de la taille. Cette relation mathématique, connue maintenant sous l'appellation d'indice de masse corporelle (IMC), peut facilement être calculée selon la formule suivante: IMC = poids (en kg)/taille x taille (en mètres).

Selon les critères établis par l'Organisation mondiale de la Santé, un IMC d'entre 20 et 24 est considéré comme représentant un poids normal. Les personnes ayant un IMC inférieur à 18 sont considérées comme trop maigres, alors que les personnes qui ont un IMC situé entre 25 et 29 souffrent d'embonpoint. Enfin, les personnes dont l'indice est supérieur à 30 sont obèses. Si l'on transpose ces mesures à un homme mesurant 1,75m (5 pi 9), cela signifie que cet homme est trop maigre s'il pèse 55kg (110 lb) (IMC=17), mais qu'il aurait un poids parfait à 75 kg (150 lb) (IMC=24). Par contre, l'IMC de cet homme serait de 27 s'il pesait 85kg et de 32 s'il atteignait 100 kg. Donc si 75kg est un poids santé pour cet homme, l'ajout de 10 kg entraîne de l'embonpoint et il devient carrément obèse si la balance indique 100 kg.

IMC ET MORTALITÉ

Pour analyser en détail la relation qui existe entre l'IMC et la mortalité, des chercheurs de l'Université d'Oxford, en Angleterre, ont examiné en détail les résultats obtenus à partir de 57 études, réalisées sur un total de près de 900 000 adultes*.

L'analyse de ces études a révélé que les personnes qui ont un poids normal, soit un IMC situé entre 22,5 et 25, ont un risque de mortalité beaucoup plus faible quel que soit leur âge (voir figure). Cette mortalité plus faible est due à l'augmentation notable du risque d'être touché par plusieurs maladies chroniques à des IMC plus élevés. Par exemple, chaque augmentation de l'IMC de 5 kg/m2 est associée à une augmentation de 30% de la mortalité en général, en particulier celle causée par les maladies cardiovasculaires. Cet impact est loin d'être négligeable: une personne obèse (IMC=30) voit sa durée de vie réduite d'environ trois ans, comparativement à une personne de poids normal, alors qu'un obèse morbide voit sa vie écourtée de 10 ans, une perte similaire à celle qui est associée au tabagisme. À l'autre bout du spectre, les chercheurs ont également observé que les personnes ayant un IMC inférieur à 22,5 étaient également plus à risque de mortalité prématurée, un effet dû en grande partie aux maladies associées au tabagisme (maladies respiratoires et cancers du poumon).

CHEZ LES ENFANTS AUSSI

Ces observations sont importantes, car, en Amérique du Nord tout comme dans plusieurs pays industrialisés, l'augmentation de la proportion de personnes en surpoids ne cesse d'augmenter, 2 personnes sur 3 ayant un IMC supérieur à 25. Plus inquiétant encore, cette tendance se manifeste également chez les enfants: alors qu'il y a 25 ans 3% des garçons canadiens âgés de 7 à 13 ans étaient obèses, ce pourcentage est passé à 9% en 2004. Si l'on ajoute à ces statistiques les enfants souffrant d'embonpoint, c'est un peu plus du quart des jeunes qui sont actuellement en situation de surpoids. Il s'agit d'une situation extrêmement inquiétante, car près de 70% des adolescents obèses conserveront cet excès de poids une fois devenus adultes et seront par le fait même plus susceptibles de mourir prématurément. Les conclusions de cette étude sont donc sans équivoque: l'indice de masse corporelle représente un bon indicateur du risque de mort prématurée. Le maintien d'un poids corporel normal doit donc représenter un objectif incontournable pour tous ceux qui désirent améliorer autant leur qualité que leur espérance de vie.

* Prospective Studies Collaboration. Body-mass index and cause-specific mortality in 900 000 adults : collaborative analyses of 57 prospective studies. Lancet, 2009 ; 373 : 1083-96.

RECOMMANDÉ POUR VOUS
AILLEURS SUR LE WEB
BackToTop