La stupéfiante croissance de l'extasy

ÉCRIT PAR: , 2009-07-06 10:35:00

L?ecstasy est apparue en même temps que les rave parties, permettant au consommateur de danser à un rythme sans se fatiguer
© Archives - Journal de Montréal
Dans un rapport publié la semaine dernière, l’ONU précisait que le Canada est désormais le principal lieu de production d’ecstasy en Amérique du Nord. Mauvaise nouvelle… Généralement les lieux de consommation de drogues, comme l’ecstasy, voisinent les lieux de production et, effectivement, les statistiques montrent que la consommation d’ecstasy est en croissance au Canada et au Québec.

Ses adeptes la qualifient de drogue douce… Ce n’est pas vraiment le cas. L’ecstasy fait partie de ces nouvelles drogues de synthèse appelées designer drugs rendues possibles par l’évolution de la chimie. Il s’agit en fait d’une molécule isolée pour la première fois en 1912 dans le cadre de recherches pour produire un médicament visant à supprimer temporairement la faim. Un anorexigène.

Comme toutes les drogues, l’ecstasy agit sur le système nerveux. Et, comme la cocaïne, l’héroïne, la nicotine ou l’alcool, l’ecstasy a en commun avec ces dernières substances la propriété de pouvoir déclencher une dépendance chez ceux qui en consomment.

L’ECSTASY

L’ecstasy, ou MDMA, fait partie des agents qualifiés de «stimulants du système nerveux central». Des substances psychoactives. Ces stimulants ont pour effet d’augmenter le taux de sécrétion de certains neurotransmetteurs du cerveau. Dans le cas de l’ecstasy, il s’agit de la dopamine et de la sérotonine.

La première est normalement sécrétée pour susciter les réflexes de satisfaction et la seconde, pour réguler l’humeur, l’appétit et le sommeil. Son action est apaisante pour l’organisme. Ces deux neurotransmetteurs favorisent, avec d’autres, les fonctions vitales de notre organisme au sein d’un système complexe qu’on qualifie de «système de récompense», dont l’objet est d’apporter un plaisir cérébral associé aux comportements liés à la nutrition et à la reproduction. Un système qui participe à la satisfaction de vivre.

Les substances psychoactives sollicitent anormalement ce système naturel et l’abus de ces substances peut faire en sorte d’en provoquer le déséquilibre, qui pourrait devenir permanent.

LA CONSOMMATION

L’ecstasy se présente sous forme de comprimés à avaler de différentes formes, couleurs et contenus… La recette varie, effectivement, d’un laboratoire clandestin à l’autre! On la mélange à qui mieux mieux à d’autres substances, comme des amphétamines, des hallucinogènes (PCP ou LSD, par exemple), des stimulants, comme la caféine ou l’éphédrine, ou bien des anabolisants.

Les effets de l’ecstasy sont principalement stimulants et apparaissent environ 30 minutes après l’ingestion. La drogue provoque d’abord une faible anxiété, l’augmentation de la tension artérielle et du rythme cardiaque, et la contraction des muscles de la mâchoire.

L’hyperthermie s’installe: la bouche s’assèche et la peau devient moite. Puis, le consommateur éprouve l’euphorie recherchée. Ses pupilles se dilatent. Il ressent satisfaction et bien-être, se sent moins fatigué, confiant et ses inhibitions l’abandonnent. Il n’a plus faim et il déborde d’énergie. En fait, sa force semble décuplée. Ses sens, notamment le toucher, deviennent aigus et, il lui est désormais aisé d’exprimer ses émotions, car il voit clair en lui (effet entactogène) et de communiquer avec les autres, car il a le sentiment de bien les comprendre (effet empathogène).

Il est intensément heureux. Sa pilule lui a ouvert la voie du sentiment d’amour universel et de la paix intérieure... pour les cinq ou six prochaines heures…

Celles qui suivront seront moins agréables. L’«ecstasié» devient fatigué, très fatigué, triste, dépressif et de mauvais poil. Un mauvais moment d’environ huit heures, qui peut toutefois s’étirer sur quelques jours, voire quelques semaines. Une période qui peut être ponctuée de cauchemars ou d’états de panique.

LES DANGERS

L’ecstasy est d’abord apparue en même temps que les rave parties, ses effets permettant au consommateur de danser à un rythme effréné sans se fatiguer. On la retrouve désormais partout où il fait bon fêter et échanger…

Vous êtes, comme plusieurs, tenté d’essayer? Très mauvaise idée, mais si vous le faites tout de même, voici quelques conseils.

L’ecstasy hausse la température corporelle et provoque la déshydratation. Il est très important de boire régulièrement, d’uriner fréquemment et de se reposer régulièrement. Ne mélangez pas l’ecstasy avec d’autres substances, les effets indésirables peuvent être sérieusement accrus.

Vous souffrez de troubles du rythme cardiaque, d’asthme, d’épilepsie, de problèmes rénaux, de diabète, de fatigue chronique ou de problèmes psychologiques? L’ecstasy n’est pas pour vous…

Vous avez déjà essayé l’ecstasy et vous voulez répéter l’expérience? Vous jouez avec le feu… La tolérance à l’ecstasy apparaît rapidement. Il deviendra très tôt difficile d’en ressentir les effets sans en augmenter la dose. À des doses élevées, ses effets peuvent être hallucinogènes.

Vous en consommez régulièrement ? Vous êtes à risque d’une perte de poids importante, d’affaiblissement, de problèmes hépatiques, d’insomnie chronique, d’irritabilité, d’anxiété et… de dépendance. Les troubles psychologiques qui en résulteront pourront être graves et durables…

LA PORTE DE L’ENFER

La consommation d’ecstasy entraîne moins souvent la mort que diverses autres drogues. Toutefois, certaines études tendent à montrer que ses effets pourraient ne se manifester que plusieurs années après sa consommation. Parmi ce qu’on entrevoit: une dégénérescence des cellules nerveuses, en particulier des neurones à dopamine et à sérotonine, qui pourrait être la source d’affections neuropsychiatriques.

Ce qui semblait être la porte du paradis pourrait bien être celle de l’enfer… Stupéfiant!

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