On réalise 55 000 vasectomies par année au Canada.
© Archives
Sécuritaire, simple et peu onéreuse.
Les hommes ont recours à la vasectomie,
tout particulièrement en ces temps
difficiles. © Archives
Larry Poole a trouvé une nouvelle façon d’utiliser les petits pois surgelés – et il ne peut même pas faire la cuisine.
Quelques heures avant notre conversation, cet homme âgé de 45 ans et père de trois enfants avait subi une vasectomie et les pois congelés servaient de sac de glace pour réduire toute enflure postopératoire entre ses jambes.
Dix minutes
Qui a dit que les vrais hommes ne se soumettaient pas à la vasectomie? Poole explique qu’il a choisi la voie de la vasectomie parce que c’était beaucoup plus simple que de demander à sa femme de subir une intervention chirurgicale pour la ligature des trompes.
«Le tout a pris 10 minutes» dit Poole, qui, s’il est à l’aise de parler à ses connaissances au sujet de la procédure, préférerait que nous utilisions un pseudonyme.
Il n’est pas seul à accepter de devenir stérile, dit Ron Weiss, un médecin d’Ottawa qui est spécialisé dans la vasectomie sans aiguilles ni bistouri et qui, en février dernier, en était à 25 000 interventions. Oui, 25 000!
Économie = vasectomie
«De plus en plus d’hommes passent par là», me dit-il. Et avec la terrible situation économique des 8 à 12 derniers mois, le nombre de vasectomies a augmenté.»
Je suppose que les moments difficiles appellent à des mesures radicales: un organisme californien de planification parentale a indiqué que le nombre de demandes de vasectomie a augmenté de 30 % au cours des trois premiers mois de 2009. Depuis le ralentissement économique l’automne dernier, une clinique américaine de Cleveland a noté une augmentation de 50 % du nombre d’hommes voulant cette intervention. L’argent n’est pas tout dans la vie, mais selon une estimation, élever un enfant au Canada coûte 250 000 $.
2,4 enfants
Selon le Dr Weiss, l’âge moyen pour une vasectomie est de 35 ans et l’homme qui demande une intervention a en moyenne 2,4 enfants. On réalise 55 000 vasectomies par année au Canada. Ce nombre est de 500 000 aux États-Unis. Weiss espère que ses patients songent à la vasectomie comme une solution définitive. Les hommes de moins de 30 ans ne sont pas encouragés à se faire stériliser, dit-il.
«Ils sont 12 fois plus susceptibles de vouloir revenir en arrière plus tard. Le retour en arrière est une intervention d’une durée de 3,5 heures, sous anesthésie générale, et il n’y a aucune garantie de grossesse par la suite.»
Des mots qui font peur
«Opération» n’est pas un mot que les gens aiment entendre, mais les hommes semblent particulièrement avoir peur, dit Weiss, qui enseigne à la faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. «Aiguille» et «bistouri» sont deux autres mots qui font peur, particulièrement lorsqu’ils sont suivis du mot «scrotum».
«La première question que j’entends des hommes est: “Est-ce que vous allez utiliser une aiguille?” Je ne peux pas imaginer des femmes se comportant de la même manière.»
Comme dans Star Trek
Heureusement, aujourd’hui, de nombreux médecins font des vasectomies à l’aide de nouvelles méthodes.
Le Dr Weiss utilise un injecteur sans aiguille pour faire une anesthésie à travers la peau. Songez à la seringue hypodermique dans la série Star Treck et vous aurez une idée de quoi il en retourne.
«La plupart des hommes appréhendent, c’est le moins qu’on puisse dire, qu’on leur plante une aiguille dans le scrotum. Alors, ils accueillent avec soulagement une anesthésie sans aiguille.»
Traditionnellement, le chirurgien utilisait un bistouri pour couper à travers la peau et les tissus afin d’atteindre les canaux déférents (les deux tubes en forme de spaghettis qui transportent les spermatozoïdes) afin de les ligaturer. Dans la version sans bistouri de l’intervention, on fait seulement une petite ouverture par laquelle on effectue le travail.
Des nageurs talentueux
Même si cette procédure est pratiquement sans douleur, 1 vasectomie sur 3000 échoue. «Les spermatozoïdes ont de remarquables talents de nageur et il arrive qu’ils créent un tunnel, un pont entre les deux extrémités des canaux déférents.»
Des complications? En dehors de l’enflure et, dans de rares cas, une hémorragie interne, le risque est minime, mais il inspire encore une inquiétude.
«Je pense qu’il y a une peur de l’inconnu, dit Poole. La plupart des hommes n’aiment pas que d’autres hommes jouent avec leurs organes génitaux!»
POUR LUTTER CONTRE LA PEUR: DÉTENDEZ-VOUS, LES GARS!
La vasectomie n’affectera pas votre libido, explique le Dr Ronald Weiss. «Quelle que soit la procédure menant à la vasectomie, il s’en sortira sans problème.»
C’est plus rapide et plus sûr qu’une ligature des trompes – l’opération équivalente chez les femmes.
La vasectomie peut être inversée, mais la réussite varie selon le temps qui s’est écoulé depuis l’opération et la capacité de féconder ne peut pas être garantie.
La stérilisation n’est pas immédiate: votre médecin vous dira combien de semaines attendre avant d’avoir des rapports sexuels non protégés. Une analyse de sperme pour vérifier les spermatozoïdes vivants est la seule façon de s’assurer que la vasectomie fonctionne.
Où va le sperme lorsque le canal est coupé? Il se détériore et il est réabsorbé par l’organisme.
La vasectomie a été pointée du doigt pour tous les maux, du cancer à la démence, mais les études ont conclu qu’il n’y avait pas de risque, dit le Dr Weiss.
La vasectomie est couverte par la plupart des régimes de santé des provinces.
La vasectomie existe depuis plus de 100 ans.
RESSOURCES
Pour trouver un urologue, consultez le site de l’Association des urologues du Québec: www.auq.org
Le Dr Michel Labrecque, du département de médecine familiale de l’Université Laval, est le premier médecin au Canada à pratiquer la vasectomie sans bistouri. www.vasectomie.net
À Montréal, le Dr Nicolas Mélisse pratique aussi cette intervention à la Clinique médicale l’Alternative. www.votrevasectomie.ca
