L?apégénine, contenue dans le persil réduirait la croissance des cellules cancéreuses.
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Originaire du bassin
méditerranéen, le persil est
utilisé depuis au moins
5000 ans comme un aromate au
goût plaisant, délicat et
rafraîchissant. Mais, au-delà du
plaisir gustatif qui lui est associé, le
persil recèle un trésor de molécules
bioactives aux multiples effets
positifs sur la santé.
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INGRÉDIENT CULINAIRE ESSENTIEL
Le persil (petroselinum crispum) est un membre de la famille des apiacées (ombellifères), une famille de plantes très diversifiée qui comprend également la coriandre, le cerfeuil, le fenouil et le cumin, ainsi que des légumes comme la carotte, le panais et le céleri. Les feuilles de persil ont joué un rôle majeur dans lélaboration des traditions culinaires du bassin méditerranéen, en particulier dans la portion orientale de cette région où elles sont utilisées non seulement comme condiment pour rehausser la saveur des plats, mais également comme légume, par exemple dans le taboulé libanais.
Cependant, loin dêtre restreinte à cette région du monde, la culture du persil sest graduellement répandue à léchelle planétaire et cette herbe est devenue au fil du temps lun des aromates les plus couramment employés en cuisine.
UN AROMATE CHARGÉ DE POLYPHÉNOLS
Outre sa saveur unique, le persil se distingue pour son contenu exceptionnel en apigénine, un polyphénol dont lactivité anticancéreuse suscite actuellement un grand intérêt dans la communauté scientifique.
En effet, de multiples études réalisées en laboratoire ont montré que cette molécule possède une forte activité anti-inflammatoire et interfère avec la croissance de cellules cancéreuses isolées de plusieurs types de tumeurs (1).
Des travaux récents réalisés dans notre laboratoire ont également montré que lapigénine réduit considérablement la formation de nouveaux vaisseaux sanguins dans les tumeurs, un impact dû au blocage dune protéine appelée platelet-derived growth factor receptor (2). En interférant avec la fonction de cette protéine, lapigénine fragilise la structure des vaisseaux sanguins nécessaires à la croissance des tumeurs et pourrait donc contribuer activement à la prévention du cancer. En ce sens, il est intéressant de noter quune étude récente réalisée par lUniversité Harvard a révélé que les femmes qui consommaient les plus grandes quantités dapigénine avaient 21 % moins de risque dêtre touchées par un cancer des ovaires que celles dont lapport en cette molécule était le plus faible (3).
Même si les aromates sont généralement consommés en quantités réduites et, par conséquent, ne représentent pas des sources majeures de polyphénols, il nen demeure pas moins que la consommation régulière de ces herbes peut contribuer à la prévention des maladies.
Par exemple, des études ont montré que les personnes qui mangeaient des quantités importantes de persil présentaient une accumulation notable dapigénine dans le sang, en quantités suffisamment élevées pour bloquer un certain nombre de processus impliqués dans la croissance des cellules cancéreuses (4). De plus, puisque lapigénine est éliminée relativement lentement de lorganisme, la consommation régulière daliments contenant de grandes quantités de cette molécule (comme le persil ou encore le céleri) peut également contribuer à atteindre des niveaux sanguins dapigénine suffisants. Dans cette optique, le taboulé constitue sans doute lune des meilleures manières de consommer de bonnes quantités de persil.
Alors que nous avons trop souvent lhabitude dutiliser le gras, le sucre ou encore le sel comme assaisonnement, les observations réalisées sur les effets bénéfiques du persil constituent un bon exemple des avantages pour la santé dutiliser les épices et aromates pour rehausser le goût nos plats quotidiens. La prévention peut vraiment être synonyme de bon goût!
(1) Patel et al., Apigenin and cancer chemoprevention: progress, potential and promise, Int. J. Oncol 2007; 30: 233-45. (2) Lamy et al., The dietary flavones apigenin and luteolin impair smooth muscle cell migration and VEGF expression through inhibition of PDGFR-beta phosphorylation, Cancer Prev Res 2008; 1 :452-9 (3) Gates et al., Flavonoid intake and ovarian cancer risk in a population-based case-control study, Int J Cancer. 2009; 124: 1918-25. (4) Meyer et al., Bioavailability of apigenin from apiin-rich parsley in humans, Ann Nutr Metab. 2006; 50:167-72.