Chirurgie par le nombril

ÉCRIT PAR: Éric Yvan Lemay, 2009-12-15 10:05:00

Le Dr Éric Bergeron, de l?Hôpital Charles- Lemoyne, insère un instrument par l?incision pratiquée dans le nombril pour retirer la vésicule biliaire.
© Éric-Yvan Lemay

Un nouveau type de chirurgie pour le retrait de la vésicule biliaire fait tranquillement son apparition au Québec. Au lieu de pratiquer quatre incisions sur le ventre comme c'est la norme, on passe uniquement par le nombril.

«Le nombril est déjà une cicatrice de naissance. En procédant ainsi, on évite de laisser d'autres cicatrices», explique le Dr Éric Bergeron qui est devenu, jeudi der nier, le premier médecin de l'Hôpital Charles-Lemoyne à pratiquer l'intervention.

Cette initiative s'inscrit dans la tendance des interventions laparoscopiques où les cicatrices sont de plus en plus minimes. «C'est fini le temps où on se promenait fièrement sur la plage avec sa grande cicatrice sur la poitrine. En plus, en limitant la plaie, on limite les risques d'infections», soutient le Dr Bergeron.

Le chirurgien reconnaît toutefois que ce n'est pas pour tous. «Certains patients sont déçus de voir la cicatrice lorsqu'on retire les points fondants. C'est à eux que ça s'adresse surtout, on doit voir ça davantage d'un point de vue esthétique.»

La grosseur d'un doigt

D'autres chirurgiens québécois se sont déjà intéressés au cours des derniers mois à cette technique appelée single port approach (qu'on pourrait traduire librement par «approche par trocart simple avec incision unique»).

Pour le Dr Bergeron qui a suivi une formation de deux jours en Floride, cette méthode a un avenir prometteur. «L'incision principale a environ 12 millimètres de diamètre, l'équivalent d'un doigt», dit-il.

On y insère les équipements pour filmer, couper et cautériser. Lors de l'intervention à laquelle le Journal a pu assister, il a toutefois fallu perforer la poche de la vésicule par le trou et y retirer les calculs en petits groupes pour qu'ils passent.

Une technique à apprivoiser

Comme il s'agissait d'une première, le Dr Bergeron a dû pratiquer une deuxième incision de quelques millimètres pour parvenir à retirer la vésicule.

«C'est comme apprendre à conduire en Australie. Même si tu as conduit toute ta vie, c'est quand même un apprentissage», illustre celui qui compte entre 1 500 et 2 000 interventions de la sorte en carrière.

Au lieu des 15 minutes habituelles, il a mis environ 45 minutes pour la première intervention. Il soutient toutefois que cela risque d'aller en s'améliorant. Malgré tout, pas question de s'acharner comme il a vu en Floride où un spécialiste a mis 2 h 30 pour retirer la vésicule grâce à la nouvelle technique.

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