Trop de sucre peut donner mal au cœur

ÉCRIT PAR: Par Richard Béliveau, docteur en biochimie | Collaboration spéciale, 2010-05-31 11:37:00


Photo: iStock/Archives Journal de Montréal

On associe souvent les maladies du cœur à une alimentation trop riche en matières grasses, notamment les gras saturés et les gras trans. Il est cependant beaucoup moins connu que la consommation excessive de sucre constitue également un facteur qui peut favoriser le développement de ces maladies.

Une des croyances alimentaires les plus tenaces de notre époque est que toutes les matières grasses, sans exception, sont nocives pour le cœur. Ce mythe n’est pourtant aucunement fondé. Certains gras comme les gras saturés (graisses d’origine animale) et les gras trans (aliments industriels) augmentent effectivement les risques de maladies cardiaques, alors que d’autres, comme les polyinsaturés (huiles végétales), les mono- insaturés (huile d’olive, noix) ou encore les oméga-3 (graines de lin, poissons gras) sont au contraire absolument essentiels pour prévenir ces maladies.

En d’autres mots, ce n’est pas seulement la quantité de matières grasses dont il faut tenir compte, mais également le type de gras qui est consommé.

Cette absence de distinction entre les effets des différents types de gras a malheureusement entraîné une véritable chasse aux sorcières envers tous les aliments contenant des matières grasses, même ceux dont les gras sont bénéfiques pour la santé comme les poissons ou les noix. Dans la très grande majorité des cas, cette réduction de l’apport en gras a été contrebalancée par une augmentation parallèle d’aliments riches en sucre, en particulier des produits contenant des sucres ajoutés comme édulcorants (sucrose ou encore de sirop de maïs). Mais est-ce que la consommation importante de ces sucres est vraiment bénéfique en terme de prévention des maladies cardiovasculaires? Il semble bien que non.

DES LIPIDES EN HAUSSE

Une concentration anormalement élevée de lipides dans le sang (dyslipidémie) est depuis longtemps reconnue comme un important facteur de risque de maladies cardiovasculaires. Cette dyslipidémie est généralement caractérisée par une élévation des niveaux de triglycérides, du cholestérol-LDL (le mauvais) ainsi que par une baisse de cholestérol- HDL (le bon).

Dans le but de déterminer l’impact de la consommation de sucres ajoutés sur ces paramètres, des chercheurs américains ont mesuré les concentrations de ces lipides sanguins chez 6113 volontaires adultes et examiné si cette quantité des lipides était corrélée avec l’apport alimentaire en sucres ajoutés (1). Ils ont observé que chez les personnes qui consommaient plus de 10 % de leurs calories quotidiennes sous forme de ces sucres ajoutés, la probabilité de présenter des taux de bon cholestérol inférieurs à la norme augmentait de 50 à 300 %, comparativement aux personnes qui consommaient moins de ces sucres (5 % des calories). La consommation abondante de sucres était également étroitement associée à une élévation marquée des taux de triglycérides, un autre facteur de risque de maladies cardiovasculaires.

ATTENTION AUX SUCRES AJOUTÉS

Ces observations indiquent que les sucres ajoutés exercent un impact fort négatif sur le profil de lipides sanguins et pourraient donc significativement augmenter le risque de maladies du cœur.

Il est important de tenir compte de ces données, car la consommation de ces sucres est en augmentation constante au cours des dernières années étant donné leur omniprésence dans une panoplie d’aliments préparés, en particulier les boissons gazeuses et autres aliments issus de l’industrie de la malbouffe.

La consommation de produits faibles en gras, mais riches en sucre n’est donc pas une stratégie adéquate pour prévenir les maladies cardiovasculaires. Comme pour l’ensemble des maladies chroniques, une alimentation riche en végétaux, faible en gras saturés, mais riche en gras mono- et polyinsaturés et dans laquelle les sucres proviennent principalement des grains entiers demeure la meilleure façon de réduire les risques de mort prématurée associés à ces maladies.

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