Est-il temps pour le Canada de songer à se doter dune stratégie de prévention de cette maladie qui risque de bouleverser la vie de ceux qui en sont atteints?
Le zona semble bien inoffensif, nest-ce pas ? Mais la maladie, qui est en quelque sorte une réactivation du virus de la varicelle, suscite beaucoup de douleur et déclenche sur la peau de petites ampoules et des éruptions. Elle peut réellement changer votre vie, mais pas pour le mieux. Les résultats dune étude publiée dans une récente parution du Journal de lAssociation médicale canadienne, le CMAJ, suggèrent que la douleur associée à cette maladie répandue bouleverse le quotidien à un point tel quil serait peut-être temps pour le Canada de songer à se doter dune stratégie de prévention du zona.
Le zona, dont le nom médical est lherpès zoster, survient chez les personnes qui ont déjà eu la varicelle (ce qui est le cas de 95% des Canadiens de plus de 15 ans). Cela peut sembler étrange, mais le virus de la varicelle est apparemment « endormi » chez ceux qui lont attrapé. Il repose dans certaines cellules nerveuses de notre corps et lorsquil se réactive (on ignore pourquoi), il réapparaît comme si on avait la varicelle.
Pas contagieux
Le zona est donc un peu comme la varicelle, mais ce nest pas la même chose. Il nest pas contagieux et, contrairement à la maladie de notre enfance, qui cause des éruptions partout sur notre corps, le zona provoque des éruptions et des cloques douloureuses qui apparaissent habituellement sur un côté du corps ou le long du trajet dun nerf. Chez certaines personnes, la douleur peut durer des mois après que la phase aiguë soit passée et un zona peut rendre votre peau si sensible, que le seul fait de porter des vêtements exige un effort. Même si le zona affecte surtout les personnes de plus de 50 ans, les plus jeunes peuvent aussi être affectés.
Chaque année au Canada, on relève 130 000 nouveaux cas de zona et lune de ses complications les plus graves, connue sous le nom dalgie post-zostérienne (une douleur incapacitante grave et une sensibilité qui se prolonge après la phase aiguë du zona) touche 17 000 personnes par année.
Dans létude canadienne publiée dans le CMAJ, 24 % des gens ont souffert dalgie post-zostérienne une fois leurs plaies guéries. Plus les personnes sont âgées, plus les risques sont élevés.
Difficulté à dormir
« Il est toujours difficile de décrire la douleur », explique le coauteur de létude publiée dans CMAJ, le Dr Marc Brisson, de la Chaire de recherche du Canada sur la modélisation mathématique et léconomie de la santé liée aux maladies infectieuses de lUniversité Laval. « Mais nous avons découvert que lherpès zoster aigu affecte considérablement la qualité de vie des patients, qui ont de la difficulté à dormir, ressentent de la douleur et un inconfort et ont de la difficulté à accomplir des tâches simples du quotidien. » Les patients ont en effet signalé des symptômes danxiété ou de dépression, de problèmes de mobilité et dautogestion de leur santé.
Dans un commentaire daccompagnement de létude publiée dans le CMAJ, le Dr Peter Watson, du département de médecine de lUniversité de Toronto, écrit que le zona est le trouble neurologique le plus répandu et que lalgie postzostérienne est la forme de complication la plus fréquente et celle qui fait le plus peur. Il explique que ces complications peuvent amener une perte de la vision, des marques sur le visage et, dans de rares cas, une inflammation du cerveau et de la colonne cervicale et même une paralysie faciale. Le Dr Watson ajoute que lalgie post-zostérienne survient dans des proportions aussi élevées que 40 % chez les 50 ans et plus.
Programmes de vaccination ?
Cette étude multisites, réalisée sur un échantillon de 261 adultes qui venaient de recevoir un diagnostic de zona, est pertinente parce que les décideurs de plusieurs pays sont pressés denvisager la mise sur pied de programmes de vaccination contre lherpès zoster ; un vaccin est en effet disponible contre cette maladie (mais il coûte environ 150 $ si vous choisissez de le recevoir) et constitue un outil de prévention potentiel digne de mention.
Jusquà maintenant, peu de preuves scientifiques ont démontré le fardeau réel du zona pour ce qui est de la douleur quil provoque et de ses effets sur la qualité de vie, selon le Dr Brisson. « Les résultats de cette étude devraient être utiles pour la prise de décision, mais pas uniquement en ce qui concerne le vaccin. Espérons quil sensibilisera aux antiviraux disponibles et qui doivent être administrés dans les premières 72 heures après lapparition de léruption cutanée pour être efficace. »
Ces antiviraux, qui sont au Canada le famciclovir et le valacyclovir, doivent être prescrits par un médecin. Des recherches ont démontré que la prise rapide dantiviraux dès lapparition des symptômes assurera un soulagement des douleurs aiguës et accélérera la guérison des éruptions cutanées, mais chaque minute compte, explique le Dr Brisson. « Pour les personnes qui sont plus à risque, qui sont âgées ou qui ont dautres problèmes de santé, qui ont eu par exemple un cancer, il est important de savoir que sils ont des symptômes de zona, ils doivent consulter un médecin sans attendre. »
Souffrez-vous de zona ?
Fièvre, frissons, mal de tête des symptômes semblables à ceux dune bonne grippe peuvent annoncer une poussée prochaine de zona.
Lun des signes précoces est :
√ une sensibilité extrême
√ une sensation de brûlure
√ limpression que la peau est piquée par des aiguilles
√ des démangeaisons et de la douleur sur une longueur précise du corps ou sur tout un côté.
Si vous en êtes là, courez chez votre médecin, car des antiviraux pourront vous aider. Dun à trois jours plus tard, des éruptions sous forme de bosses rouges ou de cloques feront leur apparition, puis les cloques formeront des gales comme celles de la varicelle. Les poussées de zona peuvent durer des semaines, voire des mois.