Photo Laurent Dionne/ Agence QMI
Alexandre Grégoire était tout sourire mardi à l'hôpital Notre-Dame. Pourtant, la réalité était toute autre il y a peu pour l'homme de 33 ans, sur qui on a réalisé la première transplantation combinée poumons-foie au Québec.
«Aujourd'hui, j'ai la chance d'avoir une nouvelle vie et je compte en profiter à fond», a-t-il dit.
Cette deuxième naissance, Alexandre Grégoire l'attribue au travail d'équipe d'une vingtaine de personnes qui ont pris part à cette première québécoise. Un exploit d'autant plus grand qu'il n'y aurait eu jusqu'à présent qu'une quinzaine d'opérations du genre dans le monde.
Selon plusieurs médecins qui ont pris part aux trois greffes pratiquées sur M.Grégoire (deux poumons et un foie), il s'agit d'une avancée pour le Québec et son milieu médical.
«Il y a quelques années, pour un patient qui était atteint de deux maladies avancées qui atteignaient des organes comme les poumons et le foie en même temps, il y avait malheureusement peu de choses à lui offrir, a indiqué le Dr Pasquale Ferraro, chef du service de la chirurgie thoracique et directeur chirurgical du programme de transplantation pulmonaire au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). On jugeait que le risque d'une chirurgie combinée était trop grand et ces patients décédaient souvent. »
Atteint de fibrose kystique et de problèmes hépatiques depuis son enfance, M. Grégoire a été hospitalisé de façon régulière pendant près de deux ans avant sa transplantation, qui a eu lieu au début de l'automne.
À l'époque, sa maladie commençait à l'affecter à plusieurs niveaux.
«En septembre 2011, on m'a annoncé que j'aurai besoin à l'avenir d'oxygène 24 heures sur 24 pour pouvoir vaquer à mes occupations, a témoigné M. Grégoire, qui était déjà placé sur une liste d'attente à l'époque pour une greffe pulmonaire. Là, tout devenait plus compliqué dans ma vie personnelle.» Après plusieurs mois d'attente, un appel du Dr Ferraro va changer le cours de sa vie.
«Quand j'ai reçu l'appel, j'étais complètement mêlé dans mes sentiments. J'étais prêt à relever cette épreuve de vie, mais j'avais également très peur des risques entourant une telle chirurgie », a confié M. Grégoire.
Ce dernier a avoué éprouver une certaine nervosité du fait qu'il nageait dans l'inconnu puisqu'il était le premier Québécois à subir cette opération.
«C'est sûr qu'il y avait un manque de données, alors c'est un peu intimidant parce qu'on ne sait pas vers quoi on s'en va», a-t-il ajouté.
Il aura finalement fallu une douzaine d'heures pour mener à bien l'opération, divisée en deux étapes.
Les médecins ont d'abord procédé à la double greffe pulmonaire et se sont assurés du bon état de leur patient avant de poursuivre et de procéder à la transplantation du foie.
M. Grégoire et les médecins du CHUM ont rappelé à plusieurs reprises que tout cela avait été possible grâce à la générosité d'un donneur d'organes.